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C'est bien fait. Bien fait pour vous.N'avez qu'à ne pas utiliser vos trails exclusivement sur route. Allez vous étonner ensuite que les constructeurs nous sortent des motos qui ressemble de plus en plus à des routieres ! Surtout, ne venez pas vous plaindre. Vous l'avez cherché, non ? Oh, ce n'est pas que ça nous réjouisse, à Moto Verte, nous les tenants du "bitume-beurk", de voir pareil évolution...
Je sais bien que parmi vous survivent encore quelques purs et durs, si, si, qui, pour chaque mètre parcouru sur le goudron la semaine à destination de la fac ou du boulot, s'éclatent au centuple le dimanche sur les chemins forestiers; ou certains p'tits jeunes, tout juste touchés par la grâce, qui usent jusqu'au bout leur petite bécane en attendant de pouvoir s'en payer une "vraie", de trail, de cross ou d'enduro. Mais la majorité d'entre vous, amis traillistes, n'a pas cette belle foi, et bien des tétines de Brigestone ou autre Dunlop Japan mixtes n'ont jamais senti le sable ou la mousse, juste les pavés et l'asphalte. Dommage pour eux, et ... pour vous, mais j'ai confiance : un jour, vous verrez la lumière...

Rally Touring
En attendant, après les scramblers - les ancêtres ! -, les trails utilitaires, les trails façons motocross, les trails africains, voici les trails grand tourisme. La Kawasaki 650, dont un premier essai suit et surtout la Honda Transalp. Une machine imaginée et "commandée" au Japon par Honda France, conçu en priorité pour le marché français, dévoreur de trails n°1. Voyez que tous ça, c'est de votre faute !
A l'origine du nom, une grande balade dans les Alpes, organisée par Honda en 77, et qui sera reconduite cette année, dix ans après, pour les nouveaux possesseurs... de Transalp. Rally tourisme à travers les Alpes, le ton est donné. A travers l'Europe
Un modèle européen, la XL 600 V : quelques exemplaires échoueront en Australie et Nouvelle Zélande, deux ou trois centaines resteront au Japon, mais le reste des 15 000 unités de la première fournée partira vers l'Europe. Et presqu'essentiellement "latin", puisque près de 10 000 pièces sont réservées aux seuls marchés français et italien. Tandis que le reste sera réparti entre Allemagne, Suisse, Autriche, Belgique, Pays-Bas et Angleterre. Plus de 4500 Transalp prévues de chaque côté... des Alpes
Objectif évident : cartonner dans les fiefs du trail, les deux pays où les rallyes africains font de l'audience, bref où les 600cc mono ont la cote. Y augmenter la pénétration Honda, en s'attachant de nouveaux clients, quitte à taper dans les rangs des possesseurs de monos, fustent-ils déja Hondistes...

Suzuka
La production a démarré à mi-decembre, les premiers modèles "export" atteindront l'Europe en février et seront disponible début mars. Comme prévu. Il se sera donc passé six mois entre la présentation, à l'occasion du Salon de Paris, et la commercialisation. Alors, pour faire patienter, l'usine Honda a organisé une journée d'essai au Japon dès qu'elle a eu des machines sous la main. Pas moins de 45 représentants d'élite de la presse européenne se sont donc ainsi retrouvés sur le mythique circuit de Suzuka, au coeur du parc d'attraction Hondaland, à 200 km de Tokyo. En face d'eux, quelques Transalp mais aussi des 600 et 1000 CBR (grosses sportives de route dévoilées à Cologne fin septembre).
Le groupe français est fort de dix z'éminents membres : messieurs Glain, Royet moi-même pour moto-Revue Moto-Verte, nos amis Micou, Donald et Christian Delahaye du groupe Moto "Chournal", Eric "Sushi" Courly pour Moto 1, Super "Klutch" pour Moto Flash et deux représentants de la "grande presse", Jérôme Bureau, grand reporterà l'Equipe et Jean-Louis Debieuvre, du Figaro (bien, Debieuvre, il a beau être du Figaro, il ne sort pas tous les soirs avec Pauwels), sans oublier l'encadrement assuré par Phillipe Boursereau, P.R. man et Hideki Kawashima, n°2 japonais de Honda France. Jolie brochette, et ambience assurée !
En arrivant à l'hotel du circuit, la veille au soir, il pleuvait à seaux. Et il a plu toute la nuit. Intéressant. Mais à l'heure du petit déjeuner, les dieux sont japonais, le ciel est bleu et le soleil brille. Un tour de piste - prochain théatre des Grands Prix du japon 87 de Formule 1 et de vitesse moto - en autocar, et vas-y Jeannot. Le teps de m'habiller (casque intégral route mais fringues TT) et je me précipite sur la Transalp dévolue aux frenchies. Bientôt les moteurs de toutes les machines disponibles ronronnent, les pilotes-journaleux piaffent d'impatience sur leurs nouveaux jouets, sous l'oeil attentif d'une armée d'ingénieurs et de mécanos tout de blanc vêtus et gantés. Puis un responsable libère enfin les essayeurs. C'est parti ! Le circuit de Suzuka est plutôt long (5,9 km) et quoiqu'assez rapide (165 au tour en endurance), sacrément technique. Une sorte de petit Nürburging, à cause de son aspect "naturel", du relief et des suites de virages sans visibilité ni trop de dégagement; un tracé intéressant , existant même, mais dangeureux. De plus la piste est encore humide en de nombreux endroits : n'y ayant jamais posé les roues, j'ignore tout des finesses de son dessin et, bien entendu, je découvre également la moto, bref la situation inspire la plus grande prudence. Pourtant, si le premier tour est effectivement bouclé pépère, je me surprends dès le second tour à attaquer plus que gentiment, au point de me retrouver en tête de la meute. Personne devant, mais derrière des CBR qui valent entre 40 et 80 bornes de mieux que ma Transalp en ligne droite ! Sur un trail, pas d'appréhension, on est vite au maxi et il est facile d'improviser. Et sur un si beau circuit, autant s'amuser un peu, après tout...
J'aperçois bien les camarades Roy et Courly dans les rétros mais, aux prises avec des problèmes d'adherence (la piste glissante et une monte d'origine pas géniale sur leurs gros pianos), ces deux avions se contenteront de me suivre deux tours de plus avant de me doubler grâce à leur vitesse de pointe supérieure. D'ailleurs, je reste dans leurs roues un moment, me permettant même de revenir à leur hauteur dans les virages les plus serrés, au prix de quelques travers du plus bel effet sur les taches d'humidité...
Vous avez déja compris : cette moto va bien. Certes, je mentirais si j'affirmais ne pas m'être "donné" un tant soi peu, mais toujours est-il que ce premier contact est enthousiasmant : de la terrible épreuve du circuit - surtout pour un trail !- la Transalp fait mieux que se tirer avec les honneurs, elle sort, grandie.

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