( extrait du Moto Journal n°1163 du 29 décembre 1994 )
Fin 1975, sortait des ateliers de Honda-France cette 250 XL, tout juste équipée d'un gros réservoir ( sur une base de 350 CB ), de garde-boue plastique, d'un porte-paquet et d'une paire d'amortisseurs de Carbon. C'est au guidon de cette moto que Gilles Mallet, à l'époque rédacteur en chef de Moto Verte, gagnera quelques semaines plus tard le premier Abidjan/Nice organisé par Jean-Claude Bertrand.
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Un peu plus de deux ans plus tard, le 26 décembre 1978, partait le premier Paris-Dakar : Thierry Sabine l'organisateur reprenait magistralement l'idée de Bertrand pour faire de cette nouvelle épreuve la grande aventure mécanique et médiatique des années 80. Bien sûr, dès la première édition, Honda-France est dans le coup. Il n'y a pas encore à l'époque de véritables pilotes officiels chez les usines ou importateurs mais Honda-France prête du matériel à beaucoup de monde. Plusieurs Honda 250 XLS tentent de venir à bout des 10 000 kms de ce premier Dakar.
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1978 : au premier Dakar, une floppée de 250 XLS sont prêtées à des pilotes, dont celle-ci à Martine De Constanze.
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La suprématie de Neveu et des Yamaha 500 XT préparées par Sonauto ne laisse que peu de place aux autres usines et c'est en 1981 que Honda décide de réagir. Ils s'engagent officiellement et préparent enfin une moto correcte : c'est une 500 avec un moteur d'usine, un gros réservoir et des suspentions performantes. " Nos moteurs surchauffaient, l'huile n'était pas adaptée, explique Guillou, on cassait sans arrêt. Mais Cyril, qu'on avait recruté un peu par hasard, sur un coup de fil d'un concessionaire d'Orléans, nous conservait malgré tout toute sa confiance ". Cette même année, Yamaha se fait battre par Auriol et sa grosse BMW. L'annonce de l'ère des bicylindres ...
Honda ne croit pas encore au bicylindre. D'ailleurs, en 1982, leur décision de rester au monocylindre se révèle être la bonne. Ils frapent un grand coup : Cyril Neveu amenant à la victoire une véritable moto d'usine, avec l'apparition du Pro-Link, du réservoir énorme et du frein à disque.
Au Japon c'est l'euphorie. Honda décide alors de sortir dans le commerce une réplica. Elle s'appellera 500 XLR Paris-Dakar, tout simplement ! C'est le début de l'influence de cette course mythique sur la production du numéro 1 mondial. Les trois années qui viennent alors ( 83, 84, 85 ) se suivent et se ressemblent ... Trois victoires de suite pour BMW qui entérinent une fois de plus l'option bicylindre. Et pendant ce temps, Honda peine avec son mono même si il est de plus en plus performant, de plus en plus gros et mené par des pilotes de plus en plus rapides. 1985 est la première année de présence dans le team Honda de Gilles Lalay. A l'époque, le grand Gilles est sûrement le meilleur enduriste mondial. Jean-Michel Baron, Neveu et lui réussissent à remporter 6 des 19 spéciales. Mais à l'arrivée, c'est le ras-le-bol. La moto manque de fiabilité et de puissance. " Le lendemain de l'arrivée, explique Jean-Louis Guillou, les Japonais provoquent une réunion surprise. Tous les membres du team sont là, tous ont droit à la parole.
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Gilles Lalay et sa XR en 85 |
La 600 XLLM, dernier mono " réplica " lancé par Honda sur le marché ( 86 ) |
La réunion est fructueuse : les pilotes réclament un bicylindre ..., et les Japonais sont d'accord ! A l'époque existait déjà la 750 XLV. Mais ils ne voulaient surtout pas que cette moto soit utilisée en Afrique. Ils savaient que la partie-cycle n'aurait jamais tenu, même si le moteur était béton. Alors, de peur que quelqu'un ose franchir le pas avec la XLV, ils réagissent. Fin février, ils nous font savoir qu'une moto inédite a été entièrement dessinée. Fin juin ils nous invitent, Guy Coulon et moi à venir la voir ... "
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Le tout dernier mono d'usine en 86 |
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1986 | 1987 / 1988 | 1989 |
La fabuleuse NXR 750 bicylindre est donc uniquement conçue pour gagner le Dakar. Ce qu'elle réussira quatre années de suite ! En 86 Cyril Neveu gagne tandis qu'une autre NXR réussit à grimper sur le podium avec Lalay. En 1987 nouveau doublé de la NXR avec Neveu encore et Orioli second. Ce dernier l'emmènera encore sur la plus haute marche du podium l'année suivante avec Lalay en troisième position et enfin le grand Gilles finit par gagner son premier Dakar en 89, toujours au guidon de la NXR, Moralès finissant troisième.
1989 est la dernière année d'activité de la NXR. Elle a évolué en détails pendant 4 ans mais n'a pas fondamentalement changé. Nombreux sont ceux qui pensent qu'aujourd'hui encore, elle pourrait gagner le Dakar ...